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— Destiné à la récupération, l’inventaire, le catalogage, la conservation, la codification, les archives, la valorisation et diffusion de la musique inspirée de ce qui est tsigane et celle des propres Sinti et Roms/Tsiganes de chaque pays, comme partie inaliénable et indispensable, transcendantale et transcendante de l’identité culturelle européenne, dont la première phase s’est développée depuis 2004 en Espagne (pays coordinateur et directeur du Projet) Allemagne, France, Hongrie et Roumanie (coorganisateur et/ou associés). La deuxième phase du Projet s’étend entre 2008 et 2013, et compte sur l’incorporation de nouveaux pays associés.
— Il comprend les musiques symphoniques, “exactes” ou “cultes”, classiques et contemporaines, et celles dénommées légères, traditionnelles ou populaires (le “folklore” intuitif, ouvert, déductif, spontané est l’âme et l’origine de toute musique), celles composées, interprétées et diffusées dans toute l’Europe – inédites ou transmises générationnellement, éditées ou produites pour des élites –, et celles inspirées de sources recueillies, transportées et apportées par les Roms/Tsiganes, depuis le début de leur diaspora de l’Orient vers l’Occident à l’aube du XIème siècle.
• Du merveilleux et original patrimoine que la présence rom/tsigane incorpore aux cultures des sociétés majoritaires européennes avec lesquelles elle a coexisté – depuis l’arrivée des Roms/Tsiganes sur le vieux continent jusqu’à nos jours au cours de leur séculaire itinérance –, la musique brille comme modèle de grandeur humaine universelle, dans un processus syncrétique, synergique, interactif d’apports, de prêts et d’appropriations enrichies au contact d’autres traditions ancestrales apprises et de créations plus récentes, métabolisées avec les cultures autochtones de cette Europe “enfer et paradis, mélange de siècles dorés et sombres”.
• Traditionnellement composée “de mémoire” et interprétée “d’oreille”, le génie de ses créateurs et interprètes a induit, suggéré ou réveillé des échos, mélodies et fragances de l’âme rom/tsigane chez les plus grandes figures de proue “non tsiganes” de la musique européenne, et même universelle, sous des formes et des manifestations multiples – du classicisme et du romantisme à l’impressionnisme ou la postmodernité –, imprégnant et influençant les musiques locales de très divers territoires avec l’art et les sentiments qu’elle exprime, la communication humaine qu’elle véhicule.
• Cette influence augmente dans la configuration et la transformation des structures culturelles de la planète lors des dernières décennies de mondialisation, de métissage biologique et culturel, heureusement inévitable car, par bonheur, il n’y a pas d’art sans métissage, et la musique est paradigme de métissage : destin incoercible de l’Humanité.
• Reproduites sur du papier à musique ou sur enregistrement, et “agraphes” ou transmises de manière auditive, des cylindres préhistoriques de cire ou d’étain, des disques de pierre, ardoise ou vinyle, et des bandes magnétiques aux procédés d’enregistrement et de reproduction les plus modernes et avancés, sa récupération constitue un défi et une nécessité.
• Nécessité indispensable pour la réparation historique, sociale et culturelle du Them Romanó/Peuple Tsigane, la récupération, reconnaissance, valorisation et incorporation au patrimoine culturel commun européen des musiques tsiganes et de celles inspirées par ces dernières constitue une véritable valeur ajoutée : fruit créé/fruit apporté qui, mettant en évidence une présence tsigane active et interactive, témoigne et diffuse la dignité collective de ce peuple européen né : une communauté transnationale à base multiétatique enracinée dans le temps, sans laquelle on ne comprend pas l’histoire européenne.
• Valeur ajoutée, puisque la musique, en tant que “langage” le plus abstrait et le plus universel, est un art utile pour tous les autres : le meilleur outil de communication humaine, de coexistence et de concorde que notre espèce ait inventé ; son essentielle harmonie est probablement, avec les arts plastiques, le domaine de cohésion et d’entendement humain le plus fertile et le plus versatile.
— Il s’agit d’apporter au patrimoine culturel commun européen cette part significative de la culture universelle dans laquelle le gradient rom/tsigane soit inspiration, fondement, motif clé ou mortier d’un véritable creuset de musiques de toutes les origines et latitudes, fondues ou métissées, reprises, résumées et projetées par d’authentiques génies de la composition et de l’interprétation qui ont inventé des traditions ou initié des écoles d’avant-garde, conservées et menées jusqu’à nos jours par des musiciens jeunes et âgés qui résument le passé et inaugurent chaque jour l’avenir.
• Le prestige universel atteint par les musiques tsiganes – fondées sur l’empathie, la non-violence et la créativité qui caractérisent la séculaire culture rom, peu connue et encore moins reconnue – a fait de leur richissime diversité un référent indispensable dans le panorama de la musique universelle. Concernant le dessein à l’origine de ce projet, il suffit, par exemple, de rappeler combien surent capter les singularités de timbres, couleurs, styles et formes dans leur inspiration créatrice : Haydn, Liszt, Borodin, Brahms, Falla, Albéniz, Turina, Granados, Verdi, Dvorák, Bartok, Glinka, Janácek, Kodali, Sarasate, Rimsky-Korsakof. Lalo, Moussorgski, Debussy, Ravel, ..., Menuhin, Reinhardt, Kocani Orkestar, Taraf de Haïdouk, Bregovic, Yukanov, Kalyi Jag, Antal Szalai, Paco de Lucía, Caracol, les Mairena, Camarón, ...
— Il s’agit de développer un travail triannuel de recherche (musicologique, de documentation historiographique, bibliographique, hémérographique, sociologique et interculturelle), pour redécouvrir et récupérer compositions, compositeurs et interprètes individuels et collectifs de toutes les époques.
• Une sélection soigneuse du matériel recueilli, sous de rigoureux critères de qualité, socialisera les “produits” musicaux recupérés car ce sont des biens communs au patrimoine culturel commun européen, “unité vivante et profonde d’un héritage commun reposant sur des valeurs spirituelles et culturelles complémentaires, partagées et partageables”.
— En définitive, le projet prétend conserver, protéger et transmettre avec efficience, efficacité, garantie et correction, ce patrimoine musical sur des bases de données visitables, constituées et articulées avec flexibilité et solidité, continuellement ouvertes et accessibles à la visite permanente interactive d’usagers illimités sur des sites web dans chaque pays et dans les mirrors des entités coorganisatrices et partenaires, constituées et coordonnées ad hoc en réseau, moyennant l’application planifiée et systématique de ressources et de techniques innovatrices de saisie, enregistrement, traitement, classement, codification, reproduction et diffusion avec les technologies les plus avancées. L’unification et la coordination transnationale d’équipes, de processus et modèles, de méthodes et programmes, de protocoles de travail et d’échange, de thésaurus conceptuels et thématiques, rendra possible la libre disposition, la récupération et le téléchargement des contenus par centres éducatifs et culturels, conservatoires, archives, bibliothèques, orchestres, compositeurs, interprètes, chercheurs, experts, spécialistes, amateurs, etc. |